Trafics de bois de rose : Un grand déballage de la Coalition Lampogno à Maroantsetra

21 août 2015

L’exportation illicite se poursuit. La non prise de responsabilité de l’Etat à capturer les gros bonnets est dénoncée.

La Coalition de plaidoyer Lampogno a été créée à Maroantsetra en 2014 dans le but de lutter contre le trafic de ressources naturelles dans les paysage MaMaBaie (Masoala, Makira et Baie d’Antongil) dans la partie Nord-Est de Madagascar. Dans le cadre de la mise en œuvre du projet SCAPES financé par l’USAID, cette coalition veut contribuer à la bonne gouvernance de ces ressources naturelles en organisant une conférence-débat dite « Aboahy Ankiaka » avec toutes les parties prenantes hier au CNEAGR Nanisana. Elle y a fait un grand déballage en dénonçant notamment la non prise de responsabilité à temps de l’Etat pour arrêter les trafiquants qui ne se cachent plus, ainsi que pour mettre un terme à l’exploitation illicite de bois de rose.

Fausses alertes. En effet, « quand on fournit des renseignements sur la suspicion d’un embarquement de bois de rose dans un bateau au large de Maroantsetra, les autorités compétentes sont toujours en retard pour intervenir car elles ont mis 4 à 5 jours pour arriver sur le lieu», ont évoqué les membres de cette Coalition. Cependant, « une dizaine de navires ayant une capacité d’embarcation entre 150 et 300 tonnes parviennent à effectuer le transbordement dans un grand bateau situé au large en l’espace de trois jours au maximum. Ensuite, les informateurs sont souvent taxées de donner de fausses alertes », ont-ils poursuivi. La Coalition soupçonne également une éventuelle complicité entre les responsables et les trafiquants.

Jamais éradiquée. En outre, elle dénonce que le trafic reprend en parallèle avec l’organisation des événements officiels à Marontsetra. A preuve, un bateau rempli de bois de rose a pu quitter le pays lors de l’inauguration dernièrement de la Compagnie de la Gendarmerie sur place. Et il en est de même lors de l’inauguration de la trésorerie principale en juillet dernier par le Président de la République, selon leurs dires. « La nouvelle coupe de bois de rose n’a jamais été éradiquée mais cela ne prend pas de l’ampleur. Les trafiquants font plutôt déterrer leurs stocks et l’exportation illicite reprend toujours. La semaine dernière, un bateau transportant de bois de rose situé entre Antalaha et Maroantsetra est parti. Un autre bateau a été également découvert, il y a deux semaines », ont-ils révélé. Ils ont également raconté que des militaires ramassent des rondins de bois de rose pour en transporter dans un endroit inconnu.

Pénurie. Quant à la situation socio-économique à Maroantsetra, la Coalition Lampogno évoque que la population locale se trouve en extrême pauvreté. Il y a des moments que des Produits de Première Nécessité (PPN) comme le sucre et l’huile sont en pénurie. En effet, les bateaux approvisionnant Maroantsetra en ces produits, transbordent plutôt de rondins de bois de rose. Les carburants font aussi défaut dans les stations d’essence surtout dans l’après-midi, à cause de la consommation en fûts par les propriétaires de petites embarcations sur place. Ce n’est pas tout ! « Bon nombre de dockers transportant les rondins de bois de rose dans les forêts naturelles sont morts. Ils sont notamment atteints d’une maladie touchant la bronchite. Certains vomissent du sang. D’autres deviennent malades mentaux en raison de la prise de drogue », a révélé la Coalition.

Raisons inconnues. Par ailleurs, cette dernière réclame la ré-ouverture des services de Douane qui ont été fermés en 2010 pour des raisons inconnues. Notons que cette Coalition regroupe des représentants de la société civile et des services techniques déconcentrés à Maroantsetra qui oeuvrent pour la protection de l’environnement. Elle est appuyée par des bailleurs de fonds. Lors de cette conférence-débat, toutes les parties prenantes comme les ONG partenaires, les bailleurs de fonds, le SAMIFIN et le BIANCO et les membres des Forces de l’ordre se sont réunies dans le but de proposer à l’Etat des solutions pour mettre un terme à ce trafic de bois de rose. « Les lois existent. Le Président et le Premier ministre se sont engagés à lutter contre ces exploitations illicites avec zéro tolérance. Mais quels sont les blocages ne permettant pas à l’Etat de capturer les gros bonnets qui sont déjà identifiés ? », interroge la Coalition Lampogno.