Bois de rose – Le trafic fait perdre Ar 1 113 milliards

La richesse naturelle de Madagascar a pu être finalement estimée, grâce au trafic de bois de rose. Les 39 000 t exportés illégalement ont coûté Ar 1 113 milliards en six ans.

Une importante somme d’argent jetée par la fenêtre. « De 2007 à 2014, le trafic illégal de bois rose fait perdre à l’État et à la population malgache, 1 113 milliards d’ariary », a révélé Cynthia Ratsimbazafy, responsable au sein du Traffic international, hier, lors du forum intitulé « Iniquité et illégalité dans la gestion et le partage de revenu issu du commerce de bois précieux à Madagascar », organisé dans le cadre du programme Skapes, financé par l’USAID en collaboration avec différentes organisations, entre autres, Conservation International, WWF et WCS à Ankoron­drano. Rija Ranaivoarison, responsable du programme WAVES, comptabilisation du capital naturel, a ajouté que cette somme avoisine le quart du budget de l’État 2015.
Cette perte est due notamment à la mauvaise gouvernance de l’État. « En l’an 2000, l’exportation des bois précieux a été interdite par la loi. Malgré cette interdiction, la Grande île a pu pourtant exporter 5 000 t de rondins de bois précieux. Entre 2000 et 2007, le trafic s’est atténué. En 2007, il y avait encore un arrêté pour consolider cette interdiction. Toutefois 2 500 t de rondins de bois de rose a été exporté illégalement, dont la tonne coûtait 4 000 dollars pour cette année de 2007 », a ajouté  Cynthia Ratsimbazafy.

Perte énorme
Le boom de cette exportation illégale a toutefois débuté en 2009. « Un arrêté a été sorti pour donner une autorisation exceptionnelle d’exportation de bois de rose à treize opérateurs. Il y avait pourtant une loi qui l’interdisait. La Grande île, durant cette autorisation exceptionnelle, a pu exporter légalement 18 750 t de bois de rose. Actuellement, cent huit personnes sont mouillées dans cette affaire. Le volume de rondins exporté a aussi doublé, 39 000 t », enchaîne toujours le responsable du Trafic. Cette exportation illicite des rondins de bois de rose continue encore cette année. Selon l’enquête de cette organisation internationale, 70 000 rondins ont pu sortir du territoire malgache cette année, dont 50 000 saisis dans divers pays. Les 20 000 rondins ont pu être vendus légalement avec des « faux » papiers.
Le trajet de ce trafic a connu aussi une modification au fil des années. Il a suivi la route Madagascar-Comores ou Maurice vers Mozambique avant 2009. Actuellement, les rondins quittent la Grande île pour rejoindre le port kenyan, puis acheminés vers Singapour ou Hong Kong. Cette situation restera- t-elle impunie   « Nous avons déjà envoyé une liste des personnes mouillées dans cette affaire chez Interpol, et à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. L’objectif serait de bloquer leur compte bancaire à l’étranger », prévient Cynthia Ratsimbazafy.
À l’entendre, les cent huit personnes suspectées dans cette affaire feraient partie de cette liste rouge. Rija Ranaivoarison a suggéré qu’il faut un fort sens de leadership de la part de l’État et une concertation de grande envergure si le pays veut mettre fin à ce trafic.

Vonjy Radasimalala

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